Dakar le 17 Juin . – A l’occasion de la journée mondiale de lutte contre la désertification et la sécheresse, nous faisons un zoom sur une personne qui a fait de cette thématique, son combat à vie. Son seul nom est évocateur pour parler de lutte contre le changement climatique et la désertification au Sahel. Mais aborder toute son histoire et son combat, il en faut plus qu’un article de presse. Cette personne n’est autre que Yacouba SAWADOGO, un octogénaire originaire du Nord du Burkina Faso qui s’est illustré dans la lutte contre l’avancée du désert.
Don de soi, ténacité et persévérance sont les maitres mots qui caractérisent Yacouba Sawadogo. Nous sommes dans les années 1980 lorsque le Nord du Pays était confronté à une sécheresse sans précédent et des piètres rendements agricoles. C’est alors que cet homme décide d’abandonner son commerce pour renverser la tendance et reverdir la zone désertique.
Après deux années passées à sillonner les sols de son village Gourga, à pied ou à cheval, M. Sawadogo trouve une idée innovante. C’est la technique du « zaï ». Cette technique consiste à creuser de petits trous, les remplir de débris organiques. Ces débris à leur tour attirent les termites, naturellement présentes dans cet environnement. En s’installant dans les petites cavités, les termites creusent des galeries, ce qui permet de retenir l’eau de pluie lors de la saison des pluies. Il ne reste plus qu’à semer les graines. En plus des graines de mil pour son champ, Yacouba y ajoute des graines d’arbres : baobabs, papayers, pruniers, acacias… Chemin faisant, il finit par reverdir plus de 40 hectares de cette zone désertique. Au bord de son champ, s’étend désormais une forêt qui attire de nombreux oiseaux qui participent à leur tour à la diversification faunique.
Aujourd’hui âgé de 78 ans, Yacouba SAWADOGO est devenu une icône de la lutte contre le changement climatique au Burkina Faso. Ses efforts ont d’ailleurs été récompensés en 2018 en Suède par le Prix Livelihood Award ou Prix Nobel Alternatif. Ces efforts, il les a consenti pour les générations futures aussi. « Mon projet est pour les générations futures. Je ne veux pas manger aujourd’hui et laisser mes prochains sans nourriture demain. Je travaille pour semer les graines de la richesse, non seulement pour le Burkina Faso mais pour de nombreux autres pays », soutient le vieil homme.
Mais Yacouba SAWADOGO s’inquiète de l’urbanisation grandissante de la ville voisine de Ouahigouya. Depuis 2012, de nouveaux lotissements ont lieu sur une partie de sa forêt. C’est pourquoi, il lance un cri de cœur aux autorités de son pays pour que cessent ces travaux qui risquent de détruire tout le travail accompli en plus de 40 ans.
Ousmane DRABO